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Je veux desormais vivre en franchise et tout mien.
Puis que tu n’as gardé l’honneur de ton empire,
Ta force n’est pas grande, et je le cognois bien.

EPITAPHE DE MARIE

Cy reposent les oz de toy, belle Marie,
Qui me fis pour Anjou quitter le Vandomois,
Qui m’eschauffas le sang au plus verd de mes mois,
Qui fus toute mon cœur, mon sang, et mon envie.
En ta tombe repose honneur et courtoisie,
La vertu, la beauté, qu’en l’ame je sentois,
La grace et les amours qu’aux regards tu portois,
Tels qu’ils eussent d’un mort ressuscité la vie.
Tu es belle Marie un bel astre des cieux :
Les Anges tous ravis se paissent de tes yeux,
La terre te regrette. O beauté sans seconde !
Maintenant tu es vive, et je suis mort d’ennuy.
Ha, siecle malheureux ! malheureux est celuy
Qui s’abuse d’Amour, et qui se fie au Monde.

FIN DE LA SECONDE PARTIE
sur la Mort de Marie