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Surpasse de douceur, tant une douce braise

Vient de la bouche au cœur par un nouveau chemin.
Il sort de voz tetins une odoreuse haleine
(Je meurs en y pensant) de parfum toute pleine,
Digne d’aller au ciel embasmer Jupiter.
Mais quand toute mon ame en plaisir se consomme
Mourant dessus voz yeux, lors pour me despiter
Vous fuyez de mon col pour baiser un jeune homme.


BELLEAU Marie, que je sers.) Ce Sonet est tout plein d’amour sur le commencement, et de jalouzie sur la fin. Quand d’un baiser d’amour.) C’est ce que les Grecs appellent


XLIX

Marie, baisez moy : non : ne me baisez pas,
Mais tirez moy le cœur de vostre douce haleine :
Non : ne le tirez pas, mais hors de chaque veine
Succez moy toute l’ame esparse entre voz bras :
Non : ne la succez pas : car apres le trespas
Que serois-je, sinon une semblance vaine,
Sans corps de sur la rive, où l’amour ne demeine
Comme il fait icy haut, qu’en feintes ses esbas ?
Pendant que nous vivons, entr’aimons nous, Marie,
Amour ne regne point sur la troupe blesmie
Des morts, qui sont sillez d’un long somme de fer.
C’est abus que Pluton ait aimé Proserpine,
Si doux soing n’entre point en si dure poitrine :
Amour regne en la terre, et non point en enfer.