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Telle rage me tient, apres que j’ay tasté
A longs traits amoureux de la poison amere,
Qui sort de ces beaux yeux, dont je suis enchanté.


BELLEAU Quand ravy je me pais.) Il dit qu’en voyant les yeux de sa Marie, il est tellement hors de soy, qu’il n’a soucy de sa vie.


XLVI

Je reçoy plus de joye à regarder voz yeux,
Qu’à boire, qu’à manger, qu’à dormir, n’y qu’à faire
Chose qui soit à l’ame, ou au corps necessaire,
Tant de vostre regard je suis ambitieux.
Pource ny froid hyver, ny esté chaleureux
Ne me peut empescher, que je n’aille complaire
A ce cruel plaisir, qui me rend tributaire
De voz yeux, qui me sont si doux et rigoureux.
Marie, vous avez de vos lentes œillades
Gasté de mes deux yeux les lumieres malades,
Et si ne vous chaut point du mal que m’avez fait.
Ou guarissez mes yeux, ou confessez l’offense :
Si vous la confessez, je seray satisfait,
Me donnant un baiser pour toute recompense.


BELLEAU Je reçoy plus de joye.) Ce Sonet exprime la vertu des yeux de Marie, et dit comme au precedent Sonet, que les voyant il n’a soucy de rien, pourveu qu’il les puisse tousjours regarder.