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Le fond duquel paroisse plus vermeil
Qu’un bel œillet favoris du Soleil.
Qu’attens tu plus ? portray moy l’autre chose
Oui est si belle, et que dire je n’ose,
Et dont l’espoir impatient me point :
Mais je te pry, ne me l’ombrage point,
Si ce n’estoit d’un voile fait de soye
Clair et subtil, afin qu’on l’entre-voye.
Ses cuisses soient comme faites au tour
A pleine chair, rondes tout à l’entour,
Ainsi qu’un Terme arrondy d’artifice,
Qui soustient ferme un royal édifice.
Comme deux monts enlevé ses genous,
Douillets, charnus, ronds, délicats, et mous,
Dessous lesquels fay luy la grève plene,
Telle que l’ont les vierges de Lacene,
Quand près d’Eurote en s’accrochant des bras
Luttent ensemble, et se gettent à bas :
Ou bien chassant à meutes découplées
Quelque grand cerf es forests Amyclées.
Puis pour la fin portray luy de Thetis
Les pieds estioits, et les talons petis.
Ha, je la voy ! elle est presque portraitc :
Encore un trait, encore un, elle est faite.
Levé tes mains, ha mon Dieu, je la voy !
Bien peu s’en faut qu’elle ne parle à moy.


MURET [ ?] Pein moy Janet.) Il prie en ceste Elégie Janet Peintre très excellent (qui pour représenter vivement la nature a passé tous ceux de nostre aage en son art) de pourtraire les beautez de s’amie dedans un tableau. Je pense