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Tais-toy langueur, je sen venir le jour,
Que ma maistresse après si long séjour,
Voyant le mal que son orgueil me donne,
A la douceur la rigueur fera lieu,
En imitant la nature de Dieu,
Qui nous chastie, et puis il nous pardonne.


MURET Amour me tue.) Il reçoit tant de mal en aimant, qu’il en meurt : et prend toutefois tant de plaisir en son torment, qu’il ne veut point demander secours, ains attendre, qu’à la fin sa dame de son bon gré le recompense.


XLVI

Je veux mourir pour tes beautez, Maistresse,
Pour ce bel œil, qui me prit à son hain,
Pour ce doux ris, pour ce baiser tout plein
D’ambre et de musq, baiser d’une Déesse.
Je veux mourir pour ceste blonde tresse,
Pour l’embompoinct de ce trop chaste sein,
Pour la rigueur de ceste douce main,
Qui tout d’un coup me guérit et me blesse.
Je veux mourir pour le brun de ce teint,
Pour ceste voix, dont le beau chant m’estraint
Si fort le cœur, que seul il en dispose.
Je veux mourir es amoureux combas,
Soûlant l’amour, qu’au sang je porte enclose,
Toute une nuit au milieu de tes bras.


MURET Je veux mourir.) I dit, qu’il est content de mourir