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DES ODES.

Entre leſquels (mon Roy) de ſi peu que ie puis,
Ton deuôt ſeruiteur dés enfance ie ſuis,
Comme le nouriſſon de ta grandeur proſpere,
Qui ſeule m'a nourry, mes freres, & mon pere.
Pour toy (mon Roy) pour toy, hardy i'entreprendrois
De faire en armes teſte à la fureur des Rois,
Et de rauir des poings à Iupiter la foudre:
Pour toy d'vn roide cours i'aueugleray de poudre
Les yeux de mes ſuyuans, s'il plaiſt à ta grandeur
(Si digne au-moins i'en ſuis) de me faire tant d'heur
Qu'vn iour me commander (d'vn ſeul clin) que ie face
Ma Franciade tienne, où la Troyenne race
De Francus ton anceſtre, où les faits glorieux
De tant de vaillans Rois qui furent tes ayeux,
Où meſmes tes vertus y luiront euidantes
Comme luiſent au Ciel les eſtoiles ardantes.
De Henry ſois Auguſtes & magnifique Roy.
Me chargeant de tel faix, liberal donne-moy
Honneurs, biens & faueurs, & pour la recompenſe
Ie t'appreſte vn renom & à toute la France,
Qui vif de ſiecle en ſiecle à iamais volera,
Tant qu'en France François ton peuple parlera.

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