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la silhouette du légendaire Surhomme auprès de la résignation presque évangélique de celui qui découvrit avec les yeux de sa tendresse le Trésor des Humbles si consolant…

Quand les cendres de Schelley s’éparpillèrent au vent latin sur la plage de Viareggio, quand les larmes de Byron se furent séchées à la flamme de ce bûcher sublime, on vit que le cœur du héros était resté intact. Il nous semble qu’après la mort de ses Précurseurs, Édouard Schuré a sauvé leurs cœurs de l’oubli de la mort, pour nous en conserver à jamais les admirables et fortifiantes leçons.

CONCLUSION

Cet aperçu succinct d’une production considérable suffit à désigner Édouard Schuré comme le chef de l’Idéalisme français contemporain.

Il est un chef, parce que ce sont des enseignements qu’il nous livre et des voies nouvelles qu’il propose à nos tâtonnements d’aveugles. Il est un chef encore, parce que sa vie entière n’est que le miroir de sa tâche. Elle en a l’abnégation, la modestie, la conviction et l’unité. C’est un bloc de transparent cristal, au travers duquel il nous plaît de lire un peu de l’éternelle Vérité.

Et néanmoins, Schuré n’a point dans les lettres françaises la place qu’il devrait avoir.

C’est l’ironie vengeresse d’un Henry Bérenger[1] qui nous en révèle la cause : « M. Ed. Schuré n’est ni académicien, ni universitaire, ni jour-

  1. Revue Bleue, 23 juillet 1898.