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mains la cause du dogmatisme catholique, reprochait à « l’esprit élevé » qu’est l’auteur des Initiés de « se perdre dans une vraie nuit des Walpurgis intellectuelle, alors que le grand jour de la philosophie catholique est là ».

C’est qu’aux yeux des pontifes, Schuré avait encore aggravé sa faute en faisant sienne la théorie des existences progressives par la Réincarnation, que Krichna, puis Pythagore ont établie et commentée. Autant de schismes impardonnables qui devaient mettre irrévocablement le grand penseur au banc de l’orthodoxie, et lui amener par contre tous les esprits libres qui, aspirant au perfectionnement de leur être et à son immortalité, se refusent à respirer davantage l’air affadi des cathédrales, tandis que le ciel immense est sur leurs têtes…

Les nombreux critiques qui ont parlé de l’œuvre capitale d’Édouard Schuré, en France, en Italie, en Angleterre, en Allemagne et en Russie, ont été frappés surtout de la synthèse philosophique et religieuse des Grands Initiés. La valeur artistique de ce livre n’est pas moins remarquable. Il se présente à nous comme une grande fresque à huit tableaux, où le relief des détails ne nuit pas à l’unité de l’ensemble. De chapitre en chapitre, de prophète en prophète, l’image vivante de l’univers, tel qu’il se reflète dans la doctrine ésotérique, grandit et s’illumine par de nouveaux côtés. Elle atteint avec Pythagore l’ampleur de l’évolution cosmique et, avec le Christ, l’importance d’un événement planétaire.