1872, il connut une femme qui devait être et était, en réalité, plus qu’une femme.
Mais pour dire aux générations futures ce que fut une Marguerite Albana Mignaty, et le dire avec des mots qui seraient les phrases même de cette voyante, il faudrait sans doute une plume impondérable, aussi fluide que l’âme rare qui n’est plus.
Qu’il nous suffise d’affirmer que sans Mme Mignaty, Édouard Schuré fût demeuré poète, sans plus. Il n’aurait point écrit les Grands Initiés, qui sont l’essence même de son être et ce qu’il y eut de meilleur en lui comme frémissements vers le Divin, comme approximation du Grand Mystère. Voici d’ailleurs ce que lui-même avoue, en la rapprochant spontanément de Wagner : « Si Wagner m’avait révélé la puissance réformatrice de l’Art, Marguerite Albana me révéla la puissance créatrice de l’Âme par l’amour, par l’intuition et par la foi voyante dans les vérités éternelles de l’au-delà. » Et ailleurs : « Je puis dire que Wagner a vivifié mon aspiration vers le Beau en lui révélant un art nouveau. Marguerite Albana a refondu et recréé mon âme par son amour. »
Admirable fusion de deux natures également ivres d’infinité et qui, reconnaissant d’un coup qu’une même soif les torture, décident de se donner leurs vies et de monter toujours, pour tenter de découvrir à deux ce merveilleux pays qui les angoisse, qui les hante, et qui, pour cela même, doit exister, puisque déjà il est en eux.