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LA PASSION DU CHRIST 299

MM. Diez et Hofmann. Ce dernier surtout a retrouvé souvent, à travers les altérations étranges du premier éditeur, la leçon du manuscrit avec une perspicacité véritablement divinatoire. La comparaison du texte restitué avec ses conjectures fait le plus grand honneur à sa sagacité, en même temps qu’elle encourage les savants à l’imiter : on voit que des conjectures qui peuvent souvent paraître hardies ont grande chance d’être justifiées quand elles sont éclairées par une véritable science philo-
logique et paléographique.

LA PASSION DE JÉSUS-CHRIST1.

Je désigne par Ch. l’édition princeps, par D. celle de Diez, par D2. le travail de Diez dans le Jahrbuch, par H. et H3. les deux articles de M. Hofmann, par Ds. et B. les conjectures de MM. Delius et Bartsch. — Je n’ai pas indiqué les bizarreries de coupe et de ponctuation de l’édition princeps.

1 Hora vos die vera raizun
de Jesu Christi passiun :
los sos affanz vol remembrar
por que cest mund tot a salvad.

2 Trenta tres anz et alques plus
des que carn pres in terra fu :
per tot obred que verus deus,
per tot sosteg quȩ hom carnals.

3 Peccad negun unquȩ non fez,
per eps los nostres fu aucis :
la sua mort vida nos rend,
sa passiuns toz nos redenps.

4 Cum aproismed sa passiuns,
cho fud nostra redemptions,
aproismer vol a la ciutat :
afanz per nos susteg mult greus.


1 . J’ai traité les u = v comme en français et non comme en provençal ; j’ai mar-
qué par une apostrophe toutes les lettres supprimées dans les enclitiques, et j’ai
séparé les enclitiques des mots sur lesquels elles s’appuient (sauf pour dels et als).
J’ai supposé partout en et non ne (inde). Le signe ç, à défaut d’autre, représente Yt cédille que le ms. emploie assez confusément à côté d’e, d’a et
d’ae ; Ch. met toujours un e simple pour q. L’écriture du ms. rend très-facile
la confusion entre t et z d’une part, entre t final et r de l’autre. J’ai mar
qué d’un ? les cas où j’ai hésité, en choisissant toujours la leçon indiquée par le
sens ou la grammaire. — J’ai indiqué par des italiques les mots entièrement latins
conservés dans le texte roman. Plusieurs de ces mots ne sont pas simplement du
fait du copiste : ils ont été employés par l’auteur lui-même sous leur forme latine,
qui est nécessaire à la mesure (voy. 2 c, 3 d (où l’accent est déplacé), 45 a fa, 78
d, 80 d, 87c, 109b, nod, 119 c, 122 b, 1291.
2 b. Ch. inter nos, mais le fac-simile avait déjà permis à H. de restituer in terra.
3 a. Ch. unque.
3 d. Ms. tot ? Ch. toz. — Ms. redepns, Ch. redenps.
4 d. Ch. afans per nos (y) susteguest, D. i susteguest. — Les mots multgr...,
oubliés d’abord par le scribe, ont été réintégrés dans l’interligne ; j’hésite
pour savoir si on doit lire granz ou greus.