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LA PASSION DU CHRIST

TEXTE REVU SUR LE MANUSCRIT DE CLERMONT-FERRAND.

J’ai donné l’année dernière ici les renseignements nécessaires sur le précieux manuscrit qui contient le Saint Léger et la Passion [1]. Le second de ces deux poèmes, que je publie aujourd’hui, ne se prête pas au travail que j’ai pu faire sur l’autre. Il n’a pas seulement été transcrit, comme le Saint Léger, par un copiste qui y a introduit un grand nombre de formes méridionales : il paraît incontestable que l’auteur lui-même avait employé à côté les unes des autres des formes appartenant à des dialectes de langue d’oïl et de langue d’oc. Dans ces conditions, la restauration du texte primitif est impossible, puisqu’on ne sait à quel dialecte il fau drait assigner les formes indifférentes, et qu’on ne peut distinguer ce qui appartient à l’auteur de ce qui est le fait du scribe. D’ailleurs la langue de la Passion a été étudiée avec un soin extrême par M. Diez, et j’au rais bien peu de chose à ajouter à ses observations. Je me borne donc à publier le texte exactement tel que le donne le ms., en corrigeant seu lement quelques lapsus évidents du calamus du xe siècle.

La versification du poème est la même que celle du S. Léger. Sur 516 vers dont il se compose, 389 sont construits dans la forme normale, c’est-à-dire qu’ils ont un accent sur la quatrième et la huitième syllabe, et que la quatrième syllabe termine un mot. Tels sont les vers de la deuxième strophe :

Trenta tres ánz  et alques plús,
Des que carn prés  in terra fut,
Per tot obréd  que verus déus,
Per tot sostég  que hom carnáls.

La coupe qui, tout en gardant l’accent sur la 4e syllabe, le fait porter sur la pénultième d’un mot à chute féminine, et par conséquent supprime l’hémistiche, se trouve dans 88 vers, p. ex. :

Per eps los nóstres fu aucís 3 b
Si cum prophétes anz mulz dis 7 c.

  1. Voy. Romania, I, p. 273-4.