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Comme j’l’entends, dans ma façon,
Vivr’ ? C’est pas les femm’, la boisson,
Les plaisirs à grand’ ou p’tit’ doses,
Ni d’entasser d’l’or et d’l’argent ;
C’est p’têt’ ben d’aimer quéq’ brav’ gens.
Mais, c’est surtout d’aimer les choses !
C’est d’aimer les pacag’, les champs,
Les arb’ tortus, droits ou s’penchant,
La roch’ que la bruyèr’ décore,
De s’plaire à voir l’nuage et l’eau,
Les horizons, cadr’ du tableau,
Q’l’auror’ blanchit, que l’soleil dore,
Et, tous les soirs, s’ensommeiller,
Et, tous les matins, s’réveiller,
Avec le goût d’les voir encore.

L’long usag’ des chos’ éternelles
Les rend complaisant’ pour mon corps,
Donne à mon esprit c’calme fort
Qu’il lui faut pour penser chez elles.
Donc, de mes organ’ et d’mon cœur
Ouverts aux s’crets des solitudes,
J’vis pour moi seul, dans un’ longueur,
Dans un’ paix sans inquiétude,
À chasser, pêcher, m’ner l’bétail,
À fair’, sans presse, avec des trêves,