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L’temps où j’y suis c’est l’temps qu’i’ m’faut !
Que d’moi qui m’trouv’ bien sous mon chaume
L’plus longtemps possibl’ la mort chôme !
L’tout ? c’est d’se faire attend’ des vers.
Hein ? c’que c’est ! en bas comme en haut,
Jeun’s ou vieux, tous les homm’, mes frères,
D’mand’ à vieillir ! moi, c’est l’contraire.

Si j’pouvais r’prend’ mes jours passés
Et r’commencer mon existence,
Oui ! même en sachant tout c’que j’sais,
J’trouv’rais encor ma subsistance
Ben suffisant’ pour mon besoin,
Et vivr’ pour vivr’ dans mon p’tit coin
S’rait pour moi la seule importance.

Expliquez ça ? j’ador’ la vie…
Et pourtant, je n’crains pas la mort.
La pent’ de l’âg’ ? — ainsi veut l’sort —
Faut la descendre un’ fois gravie.
M’disant donc : Raison d’plus pour être
Avar’ de ces instants si courts,
Malgré que l’destin compt’ mes jours,
J’y rends grâc’ de m’avoir fait naître.