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Pour qui réfléchit, sans la politique,
Avec son cœur et sa raison,
Au nom d’la conscienc’ qui n’pratique
Q’la bonn’ justice en tout’ saison,

L’pourquoi d’la guerre, allez ! c’est un sacré problème.
Ces gens-là m’en veul’t’-i’ ? Null’ment.
Moi j’leur en veux pas pareill’ment :
Ça n’fait rien ! on doit s’batt’ quand même.

J’m’ai dit : « D’où q’vienn’ l’attaq’ ? la v’là ! faut ben s’défendre.
Mais, toujours en avant j’ai marché sans comprendre.
J’ai fait mon d’voir, soumis aux chefs comme au danger ;
Tel qu’on l’faisait cont’ moi, j’ai tiré, j’ai chargé ;
D’mes yeux clairs, dans c’temps-là, qu’avaient la voyanc’ nette,
À ceux homm’ étrangers j’leur ai pointé l’trépas.
Mais, j’m’excusais d’mes meurt’ en r’grettant d’avoir pas
Au droit d’mon coup d’fusil, face à ma baïonnette,
En plac’ de ceux victim’ innocent’, tous les m’neurs
Coupab’ d’occasionner d’aussi sanglant’s horreurs,
Seuls auteurs responsab’ si des milliers d’pauv’s êtres
D’loin ou d’près, corps à corps, s’assassin’ sans s’connaître,
Tandis qu’eux aut’s, la caus’ de tant d’massac’ et d’morts,
Meur’ dans leur lit sans mal, et, qui sait ? p’t-êt’ sans r’mords !