Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Exhalant des senteurs de fosses,
Il dépliait son grand mouchoir
Plein de bêtes, me faisait voir
Qu’elles étaient vives et grosses.

Je lui donnais un coup à boire,
Et, ça dépendait, deux et trois !…
Il buvait, tenant à dix doigts
Son verre comme un saint-ciboire.

Alors, sa pauvre face exsangue,
Prenant un petit ton vermeil,
Il disait : « C’est du jus d’soleil ! »
En faisant cliqueter sa langue.

« Ah ! c’est ça qui donn’ de l’organe !
À présent, j’chant’rais jusqu’à d’main.
Mais non, faut que j’renfil’ mon ch’min,
Sur trois jamb’s, en comptant ma canne ! »

Dans son vaste mouchoir, le même,
Il nouait serré son argent,
Grognait : « J’m’ennuie en voyageant,
J’demeur’ loin, et ça fait si blême !