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OMBRES VISITEUSES


À Edmond Haraucourt.


 
Ô mains d’ambre rosé, mains de plume et d’ouate
Où tremble autant d’esprit que sur la lèvre moite,
Et de rêve que dans l’œil bleu !
Ô mignonnettes mains, menottes à fossettes
Qui servent à l’amour de petites pincettes
Pour tisonner ma chair en feu ;

Ô petits pieds qui vont comme le zéphyr passe,
En laissant derrière eux le frisson de la grâce
Et le sillage du désir ;
Ô jarretière noire à la boucle argentée,
Diadème lascif d’une jambe sculptée
Pour les étreintes du plaisir ;

Ô seins, poires de chair, dures et savoureuses,
Monts blancs où vont brouter mes caresses fiévreuses,
Cheveux d’or auxquels je me pends ;
Ventre pâle où je lis un poème de spasmes,
Cuisse de marbre ardent où mes enthousiasmes
S’enroulent comme des serpents :