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La vie, à force de torpeur,
Est insoufferte
Par cet opaque abasourdi,
Somnambule du plein midi
Traînant dans un corps engourdi
Une âme inerte.

Mais engendré par le dégoût,
L’ennui n’est plus ce morne égout
Où toute l’âme se dissout,
Stagne et se fige ;
Il devient un remous géant
Qui submerge l’esprit béant
Et le roule dans un néant
Fait de vertige.

Dolente épave du Destin,
L’homme est repris chaque matin
Par ce tourbillon clandestin
Qui le disperse,