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C’est l’ennui monotone et flou,
L’ennui du serpent et du loup,
Du vieux chenet et du vieux clou
Mangé de rouille ;
L’ennui placide et végétant
Où ne couve aucun feu latent
Et qui dort plat comme un étang
Dont l’eau s’embrouille.

L’homme embrumé par ce sommeil
N’a jamais d’heures de réveil ;
C’est un mécanique appareil
D’insouciance,
Qui s’acquitte, sans s’en douter,
De sa fonction d’exister
Et qui n’entend pas chuchoter
Sa conscience.

Sous ce nuage de stupeur
Sans désir, sans remords ni peur,