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Il ne faudrait point t’abuser :
Ce n’est pas moi qui t’ai perdue,
Et, ma confidence entendue,
Tu ne pourras plus m’accuser.

Donc, en ce temps-là, bien entière
Couvait ta chaste floraison ;
Et l’honneur mirait son blason
Dans l’acier de ta jarretière.

Ton petit crâne encor glacé
Restait la boîte à l’innocence
Où tes rêves d’adolescence
Continuaient ceux du passé.

Sur ta lèvre folle et naïve
Tous tes sentiments gazouillaient
Des rires blancs qui se mouillaient
À la fraîcheur de ta salive.