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Pour aspirer d’un trait comme une seule essence
Les charmes de l’aspect et de l’attouchement,
Et pour désaltérer dans un abreuvement
Les innombrables soifs de sa concupiscence.

Quand elle a la jeunesse et l’éclat passager
D’un cuir frais modelant une souple ossature,
Souvent sa vanité nuit à son imposture
Et sa séduction dénonce le danger.

Mais quand elle n’a rien pour lui rendre service,
Plus rien que la vieillesse ou la difformité,
Elle trouve un manteau dans sa caducité
Et sa laideur devient le masque de son vice.

Alors, pour le cœur pur, téméraire et flottant,
Cette vieille à l’œil fixe et froide comme un marbre
Est ce qu’est la vipère errant au pied d’un arbre
Pour l’oiseau hasardeux qui chante en voletant.