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L'OPÉRA EN FRANCE. 245

d'absurdes divertissements dignes des parades de foire, des dan- ses de singes et d'ours, d'autruches qui boivent, et de quatre Indiens qui offrent des perroquets à Nicomède, qui a reconnu Pyrrhus pour son petit-ûls (1).

L'année suivante (février 1646), à en croire le père Menestrier, la Provence avait le privilège de la première tragédie lyrique française. L'évêque de Carpentras, cardinal Alessandro Bichi , nonce apostolique d'Urbain VIII, fit jouer, dans la salle épisco- pale, Achebar, roi du Mogol, poésie et musique de l'abbé Mailly (2).

Le 26 février 1647, Mazarin, renouvelant l'épreuve, donna, au Palais-Royal, un Orfeo italien, avec un très grand faste. On en a longtemps ignoré l'auteur. Une étude approfondie n'est pas né- cessaire pour découvrir qu'il n'y a rien de commun entre la pièce et celle de Monteverde. UOrfeo de 1647 est du fameux Luigi (Luigi Rossi) (3). Un exemplaire manuscrit de la partition

��(1) D'Origny, Annales du théâtre italien, I, 8. Castil-Blaze, L'Académie impériale de musique, de 16k5 à 1855, 2 vol. Ch. Nuitter et E. Thoinan, Les origines de l'opéra français. Pion, 1886.

('0 « Dès l'an 164G, monsieur l'abbé Mailly, secrétaire du cardinal Bichy, et excellent compositeur en musique, dont il a fait plusieurs petits traitez fort utiles pour la méthode de chanter, se mit à chercher cette musique dramatique que nous avons trouvée seulement depuis quelques années. Il fit dès lors, à Carpentras, où il était auprès de ce cardinal, quelques scènes en musique récitative pour une tragédie Achébar, roi du Mogol, et il accom- pagna ces récits d'une symphonie de divers instruments qui eut un grand succez, mais il ne trouvait pas pour lors dans notre langue ces belles dispo- sitions au chant récitatif qu'on y a trouvées depuis. » (Menestrier, p. 177.)

(3) Qu'il ne faut pas confondre, comme l'ont fait Gevaert et Wilder, avec Michelangelo Rossi, l'auteur d'Erminia (Voir p. 136).

Luigi Rossi, né à Naples, à la fin du seizième siècle, n'y resta point; on le trouve à Rome vers 1620, à Paris vers 1(540. Son nom est un des trois ou quatre, que les Français du dix-septième siècle connaissent dans la musique italienne. Il est même pour certains Italiens, un des plus grands maîtres du siècle. Giacomo Antonio Perti écrit : « HÔ procurato di seguitare alla meglio, che hô saputo i trè maggiori tarai délia nostra Professiono, Rossi, Carissimi e Cesti. » (Dédicace des Cantate morali e spirituali , 1688, Bologne.)

Il est surtout supérieur dans la cantate ; sa forme est belle et puro. Le British Muséum et le Christcollege d'Oxford en possèdent un certain nom- bre. — Il écrivit aussi des opéras, parmi lesquels on connaît : Il Palagio d'Allante (où Loreto chanta Angélique et Atlas: lo livret est au Licoo mu- sicale de Pologne); des oratorios tels que Giuscppe figlio di Giacobbe, dont Florence possède une scène. — J'ai trouve à la Bibl. Chigi, outre VOrfeo, paroles de Franc. Buti (Q. IV, 8), un Lamento d'Arione, par. Rospigliosi; Lameuto di Zaida Turca, par. Fabio délia Corgna; Lamento délia Regina délia Svetia ; et différents airs.

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