L'OPÉRA EN FRANCE. 231
lent. C'est à nous de voir quel meilleur emploi ils peuvent faire de leurs dons, et si, dans leur histoire, ils ont tenu toujours compte des nécessités de leur nature.
��Il faudrait chercher les origines du style dramatique, ou des- criptif, en France, dans* les madrigalistes du temps de Henri II, et surtout dans les inventions musicales de Jannequin (1). Sa bataille de Marignan, dont les chanteurs de Saint-Gervais nous ont donné dans ces derniers temps de si remarquables audi- tions, a, dans sa perfection de forme, une gaillardise héroïque et une vigueur d'action, où revit l'époque tout entière et sa forte joie. Comme le dit justement M. Weckerlin, « il y a plus de vie scénique dans ce chœur à quatre voix, qu'on n'en trouve dans les morceaux de Péri, de Caccini, » mais surtout de Cambert et Lully, un siècle et demi après. Je n'insisterai point pourtant sur cette tentative, qui est commune aux musiciens de l'époque, en Alle-
��aujourd'hui des orchestres italiens. Raguenet ajoute que la France a la spécialité des hautbois et des flûtes.
Le chant est un peu plus discuté. Un proverbe cité par Saint-Evremond dit « Hispanus flet, dolet Italus, Germanus boat, Flander ululât, solus Gal- lus cantat. » En tout cas, si les Italiens. ont la spécialité des haute-contre, « des voix de rossignol, des haleines à faire perdre terre, à vous ôter pres- que la respiration, des haleines infinies, » les Français ont celle des basses- contre (Raguenet). — Plusieurs compositeurs italiens, le célèbre Luigi (Rossi), entre autres, « demeurent rebutés de la rudesse et de la dureté italienne, quand ils ont goûté la tendresse du toucher et la propreté de la manière de nos Français » (aussi bien pour les voix que pour les instru- ments) (Saint-Evremond). Luigi dit encore qu' a il faut des airs italiens dans la bouche des François. »
Mais la grande supériorité de l'opéra français est, de l'aveu de Raguenet, dans les chœurs, les divertissements, les danses, les habillements, la per- fection extérieure et la pompe du spectacle.
(1) L'excellent Jeannequin, en tout cela qu'il chante,
N'a rien qui* soit mortel, mais il est tout divin.
(Bail)
Clément Jannecquin (f 1574) (?), maître de chapelle de François I", — finit, dit-on, par entrer dans la réforme. — Il écrivit dix-sept livres de chansons. Parmi la foule de ses œuvres, on doit citor les : Sacrac canliunes seu motectae, 4 v. (1533); les Chansons de la Guerre et de la Chasse (1537); le 8'" livre des Chansons françaises (1540. — Attaignant); les quatro livres do ses Inventions musicales (1544. Lyon. Jac. Modorno); lo H)'" livre des chansons, contenant la Bataille ^1545. busato. Anvers), et le Veryer de Mu- sique (1559. Ballard).
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