2 1 (> LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.
La musique compense un peu le vide du poème. Le fils de Fer- dinand de Bavière et d'Henriette-Adélaïde, le duc Max Emmanuel, était un dilettante passionné. Il ne pouvait se passer des specta- cles , auxquels il était habitué depuis l'enfance , et dépensa pour eux des sommes énormes ; il réunit à Munich les plus grands artistes de son temps. Les fêtes prirent un nouvel éclat en 1680, après l'interruption causée par les événements politiques. Ber- nabei et Steffani en étaient les compositeurs attitrés.
Steffani, né vers 1650 à Castelfranco, près Venise, avait été recueilli tout enfant par un comte allemand qui l'amena à Mu- nich, où Ercole Bernabei fut son maître. Il entra dans les ordres et devint abbé en 1681 ; mais sa profession religieuse ne l'em- pêcha pas plus que Cesti, d'écrire pour le théâtre. Le succès de son premier opéra, Marc-Aurèle , en 1681, lui fît donner le titre de directeur de la maîtrise du duc, et il composa l'opéra de gala, Servius Tvllins, à l'occasion de ses noces (1). Sa célébrité se ré- pandit dans toute l'Allemagne; Ernst August de Braunschweig- Lunebourg l'appela en Hanovre, oii il devint maître de chapelle et directeur de l'opéra. Il composa lui-même un grand nombre d'opéras italiens qui furent joués à Hanovre, puis à Hambourg, où il passa les dernières années du dix-septième siècle (2). Appelé à un poste diplomatique, il abandonna, en 1710, sa place de maître de chapelle à Haendel (3). Nommé évêque de Spiga , il négligea de plus en plus la musique, ne signant plus ses compo- sitions que du nom de son copiste Piva ; aussi sont-elles perdues. Il mourut à Francfort en 1730. Ses opéras sont, avec ceux de Keiser, les meilleurs avant Haendel et Mozart. Quelques-uns ont été conservés, plusieurs en réduction pour piano; entre autres, la Lolta tf Ercole con Acheloo (4), 1689, Hanovre, et I Rivait concordi,
��(1) Servio Tvllio, 1685. — Solone, carnevalsoper, 1685. — Alarico il Bal- lha, cioè l'audace rè di Gotlii, festoper zum Geburstag di Mar. Ant. 1687. — Niobe 1688 (à Munich).
(5) Sept de ces opéras furent représentés avec des traductions allemandes. Steffani écrivit aussi à Munich de célèbres duos di caméra pour les dames de la cour.
(3) Steffani fit à Haendel l'accueil le plus bienveillant, et le présenta au prince pour lui succéder. L'électeur offrit à Haendel un traitement de 1,500 écus. Il accepta le titre et la pension, mais partit en Angleterre, où l'électeur devait le retrouver en 1714, comme roi d'Angleterre (Georges I er .) On a remarqué que Steffani eut une grande influence sur Haendel, dont il transforma le style en lui donnant une élégance toute nouvelle. Le Rinaldo est de février 1711.
(4) La partition manuscrite est à la Bibl. de Mnnich.
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