198 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.
de l'Italie, dont l'influence rayonne au loin par les Gabrieli, les Bontempi, les Cesti, les Bernabei, les Vivaldi, les Steffani, les Bononcini et les Caldara en Allemagne; — par les Luigi Rossi, les Sacrati, les Cavalli et les Lully en France; — et par leurs disciples allemands et français en Angleterre.
C'est par les deux cours méridionales de Munich et de Vienne que le genre nouveau pénètre au Nord (1).
Si la musique n'avait nulle part été négligée en Allemagne, où elle comptait un nombre considérable de compositeurs et de vir- tuoses à la fin du seizième siècle (2), Munich tenait le premier rang parmi les villes artistes, grâce au goût de ses princes et à rinflueuce de Boland de Lassus. Il y vécut avec ses deux fils, Ferdinand et Rodolphe (3), parmi une cour de musiciens aile -
��(1) Bernabei (1620-1687), maître de chapelle à Munich, de 1673 à 1 690 ; Cesti (1620-1669), vice-maître de chapelle à Vienne, en 1668; Bontempi (1630-1697), maître de chapelle à Dresde, en 1662; Vivaldi, maître de cha- pelle du landgrave de Hessc-Darmstadt; Steffani (1650-1730), étudie à Mu- nich; maître de chapelle à Hanovre; Bononcini, à Vienne (1699-1703), puis à Berlin (1703-1706), et de nouveau à Vienne; Caldara, vice-maître de cha- pelle à Vienne, en 1718, et maître de composition de Charles VI, etc.
Je rappelle que l'empereur Rodolphe appelle à sa cour en 1603 Horazio Vecchi, qui dédie son Convito, en 1597, à Ferdinand II, archiduc d'Autriche. — Monteverde dédie en 1638 ses madrigali guerrieri à l'empereur Ferdi- nand III, et en 1650 sa Selva morale à l'impératrice Eléonore. — Agazzari a séjourné à la cour de l'empereur Mathias..., etc.
Depuis 1657, l'empereur Léopold I er fait recueillir toutes les partitions italiennes nouvelles dans sa Bibliothèque Léopoldine de Vienne. Beaucoup de princes allemands ont leur loge à l'Opéra do Venise.
Les empereurs eux-mêmes se mêlent de musique. L'année dernière, a commencé la publication d'une édition populaire de leurs œuvres musicales (sous la haute direction du ministère autrichien). La première livraison comprend : un Miserere pour soli, chœur mixte et orgue, do Ferdinand III; une Missa angeli custodis (soli, chœur, quatuor à cordes et orgue), et le motet SuU luum praesidium, (soprano, chœur mixte et orgue), de Léo- pold I er , et la cantate Regina cœli (soprano, orchestre et orgue), de Joseph I er . Léopold compose la Licenza des Disgrazie d'amore de Cesti, en 1667.
(2) Gian le Couk, Pevernage, Filippo di Monte, Jacob von Werth, Jacob Rcgnart , viennent en Allemagne. Jacob Hàndel est à Prague ; Hans Léo Hassler de Nuremberg, à Augsbourg ; Seth Calvisius à Leipzig. A Magde- bourg brillent de nombreux organistes et maîtres de chant : Leonhard Schrôtcr, Gallus DrcssL'r, Friedrich Weissensee. A Hambourg est établi Hieronymus Schulz (Praetorius). A Kœnigsberg, Johann Eckard (Voir Wintcrfcld, II, 1).
(3) Roland de Lassus (1520-1594), né à Mons, et maître de chapelle au Latran vers 1 545 , entre au service d'Albert de Bavière vers 1556 ou 1557; maître de chapelle à Munich (à 4Û0 florins d'appointements) , il y compose
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