essaie dès 1627. Les malheurs de la patrie ne sont pas favorables aux fêtes artistiques ; mais en attendant les temps meilleurs, le génie dramatique de l’Allemagne se forme dans les admirables symphonies sacrées de Schütz. Quand la paix est revenue, les représentations musicales s’établissent à Munich et à Vienne, et se succèdent sans interruption avec un faste princier. Mais l’italianisme envahit les cours allemandes, et l’esprit national est débordé parles productions étrangères, corrompu par le goût napolitain. Le théâtre populaire de Hambourg amène un commencement de réaction, et Keiser donne à l’opéra droit de cité en Allemagne. Dans le même temps, la France instruite par les Italiens, après de longs tâtonnements, réalise, avec Lully, le théâtre lyrique qu’elle avait en vain tenté avec ses seules ressources, dès la fin du seizième siècle, sous l’impulsion de Baïf. Peut-être le génie du Florentin a-t-il contribué cependant à nous éloigner d’une forme plus nationale du théâtre de musique, et telle que, par exemple, Saint-Evremond l’avait conçue, et Molière esquissée. Enfin un reflet de l’opéra d’Italie pénètre jusqu’à Londres, où Purcell donne, à la fin du dix-septième siècle, les modèles presque uniques de l’opéra anglais.
Sous l’action de tant d’efforts et de travaux artistiques, l’opéra arrive vers 1680 à la perfection de la forme. Malheureusement, cette splendeur d’expression correspond en Italie au vide de la pensée. La décadence des mœurs, l’affaiblissement de la personnalité, coïncidant avec les progrès purement extérieurs réalisés dans la musique, semblent faire de l’époque d’Alessandro Scarlatti, à la fois un sommet et un terme pour l’art.
Il ne s’arrêtera point cependant. La vie italienne a une force de résistance qu’on ne saurait prévoir, et qui a raison des circonstances où l’on croit qu’elle va disparaître. Les germes populaires éclos au dix-septième siècle, se développeront au dix-huitième dans l’opéra buffa. D’ailleurs, l’impulsion est donnée. L’Allemagne et la France, formées par l’Italie, compléteront son œuvre, et lui renverront à leur tour la lumière qu’elles ont reçue d’elle, et qu’elle semble avoir perdue.
On s’étonnera peut-être qu’ayant à étudier les origines de notre drame lyrique, nous ne les cherchions pas au delà du seizième siècle italien. Chacun sait que le moyen âge a possédé dans ses