DÉVELOPPEMENT DE L'OPÉRA ARISTOCRATIQUE EN ITALIE. 149
de la jeunesse d'esprit, un talent incontestable, qui n'aurait be- soin que d'être plus réglé.
J'ai tâché d'esquisser rapidement les multiples faces de ce génie divers de chanteur, poète, et compositeur. C'est sur lui que je veux finir cet aperçu de la vie musicale romaine au milieu du dix- septième siècle (1). Nul mieux que lui ne résume les complexes ressources du génie italien au sein de sa décadence, et ne sym- bolise l'éclat triomphal de l'opéra. Notre siècle qui a connu les anciens délires de la salle Ventadour, et les pèlerinages récents en Bavière , se fait à peine l'idée de la fureur musicale de ces temps, où la puissance de la nouveauté s'ajoutait au charme irrésistible de la musique sur des esprits raffinés , alanguis et voluptueux.
Un pape écrit des opéras (2), et envoie des sonnets aux canta- trices. Les cardinaux sont librettistes, ou metteurs en scène (3), quelquefois habilleurs (4). Les moines donnent des représenta- tions (5). Salvator Rosajoue la comédie (6). Bernin écrit des opéras, où « il peignit les décors, sculpta les statues, inventa les machines, écrivit les paroles, composa la musique, et construisit le théâtre (7). » Il n'est pas jusqu'à la pantomime musicale, et au théâtre de marionnettes littéraires, dont nous croyons être les inventeurs, et où nous sommes seulement les successeurs timides
��(1) Loreto Vittori meurt en 1670. Son monument est à l'église de la Minerve, à Rome.
(2) Clément IX. Voir plus haut.
(3) Mfl r Corsini. Les cardinaux Barberini , Rospigliosi , Borghése, Pam- phili , Mazarin (1639, à Rome, légation de France), son frère le cardinal Michel, ambassadeur de France (1648); le cardinal Colonna; le cardinal Chigi (fête gastronomico-comico-musicale de 1668), etc. L'abbé Pompeo Scarlatti (1680). Le chanoine di Scornio.
(4) Le cardinal Orazio Lancellotti. Teodoro Ameyden raconte à ce sujet une anecdote passablement scandaleuse.
(5) Voir plus haut. — Les pères « ministri degli infirmi, » depuis 1636. Le Collège germanique. Le Collège romain. Les jésuites. Le palais aposto- lique, etc. A une représentation d'opéra, en 1669, assistent vingt-six car- dinaux.
(6) A partir du carnaval 1639 (Voir Lady Morgan, Mémoires sur la vie et le siècle de Salvator Rosn), Les lettres de Salvator à son ami Gio. Battista Ricciardi) donnent souvent des renseignements sur les représentations musicales.
(7) Carnaval 1645. Evelyn dit que Bernin « dipinse le sceno, scolpi lo statuo ornementali, inventé le macchine, scrisse le parole, compose la mu- sica, e costrui il teatro. » — Bernin revient sur ses souvenirs de théâtre, dans ses conversations avec Chantelou , vers 1660. (Journal du Cavalier Bernin, Gazelle des Beaux-Arts.)
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