136 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.
lui qu'il nous ait été possible de lire. L'unique exemplaire de sa Morte cïOrfeo (1) a passé récemment de la bibliothèque Borghèse à Berlin.
Les éclatants débuts du théâtre Barberini répandirent le goût des représentations musicales (2), et favorisèrent l'éclosion des œuvres d'art. Il nous est impossible de suivre, année par année, la production incessante des artistes, et les représentations du théâtre Barberini (3). Nous noterons seulement les plus illustres.
Une des plus fastueuses saisons de ce royal théâtre fut le car- naval 1637, où l'on donna « II Falcone, fa vola in musica » d'auteur inconnu, et YErminia sul Giordano de Michelangelo Rossi (4). Sui- vant leur coutume, les Barberini ont eu soin de faire conserver le souvenir de leurs dépenses dans des lettres publiées avec les éditions des pièces. Le luxe des décors y fut poussé jusqu'à l'exagération. Les machines surtout commencent à prendre la première place dans l'opéra (5). Certaines idées de scènes sont
��(1) La morte d'Orfeo, tragicomedia pastorale, con le musiche di Stefano Landi, ail' Illustrissime» e Reverendissimo signor Abate Alessandro Mathei chierico di caméra, opéra seconda, con privilegio. Venise, Gardane, 1619, appresso Bartol. Magni, in fol. cart, (Vente Borghèse).
(2) Dès le 1 er juillet 1634, le cardinal Aldobrandino, à la fin d'un somp- tueux banquet dans sa Vigna de Frascati, fait réciter en musique « una dilettevole opéra pastorale composta dal signor Principe Aldobrandino, che per la vaghezza degli habiti et eccellenza de musici, riusci di tutta perfe- tione. » (Avvisi di Roma.)
Les couvents de Rome adoptent aussitôt le mélodrame religieux. Le 10 août 1636, on joue en musique La Vita di Santa Maria Maddalena chez les pères « ministri degli Infirmi, » en présence de sept cardinaux, du préfet de Rome, des prélats et des seigneurs de la cour. (Avvisi Urbinati.)
(3) Au carnaval 1635, on donne au théâtre Barberini La Vita di Santa Teodora, poésie de Mgr. Rospigliosi , « con vaghissimi intermedii, .. balli, combattimenti, mutatione délie scène. » Les Barberini, en bons politiques, donnèrent trois soirées : la première était française (pour le cardinal An- tonio); la seconde, romaine (pour le préfet donTaddeo); la troisième, espa- gnole (pour le card. Francesco). On rejoua la pièce en 1636. Le 26 janv. 1636, le « cardinal di Lione, » frère de Richelieu, et le « cardinal di Savoia » y assistèrent. (Avvisi di Roma. Raccolta urbinate, etc.)
(4) Erminia sul Giordano, dramma musicale, rappresentato nel palazzo dell' Illustrissimo et Eccellentissimo signore D. Taddeo Barberino prefetto di Roma e principe di Pellestrina, e dedicato ail' Illustrissima et Eccellen- tissima signora, la signora D. Anna Colonna Barberina , etc., posto in mu- sica da Michelangelo Rossi. Rome, P. Masotti , 1637 (Exemplaires à Rome, Bibl. Sainte-Cécile et Barberini; à Bologne, Lieeo mus.; à Bergame, à Londres, Bruxelles, Upsal, Oxford et Crain près Liegnitz).
(5) Les machines étaient de Francesco Giutti, de Ferrare, « tanto eccel-
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