MONTEVERDE. 99
des « minime particelle » de ses œuvres. 11 n'y a rien en lui d'un chercheur érudit, rien de pédant. Il laisse aux autres le soin de le défendre ; son frère répond pour lui. Il se flatte de « n'avoir égard qu'aux faits, et de priser peu de chose les paroles d'au- trui (1). » Il laisse « au cav. Ercole Bottrigari et au révér. Zerlino » la gloire des théories et « des nobles écrits ; » pour lui , ce sont des conseils pour l'action qu'il donne ; mieux encore, des exemples.
Il agit sans cesse; sa fécondité artistique ne se lasse jamais. A soixante-quinze ans, moins d'un an avant sa mort, il écrit encore un admirable opéra. Non seulement il compose, mais il médite; il travaille opiniâtrement, et donne le premier l'exemple de ses théories. Il joue de tous les instruments, et il peut donner des leçons aussi bien à ses acteurs qu'à son orchestre. Artusi dit aigrement : « Ils ont moins souci de lire et d'étudier Boèce, que de savoir, à ce qu'ils disent, enfiler ces merveilleuses gammes à leur manière (« insfilzare quelle solfe a modo loro »), et enseigner aux acteurs à chanter leurs cantilènes, avec des contorsions de tout le corps qui suivent le mouvement des paroles (« con molti movimenti del corpo, accompagnando la voce con quei moti »); à la fin, ils se laissent aller, de façon qu'ils semblent mourir; et c'est là la perfection de leur musique.(« et questa è la perfettione délia loro musica ») (2). »
A ce trait, on reconnaît encore l'artiste de la race de Wagner, le musicien dont le but est bien précisément l'action dramatique, et non pas la musique. Et que de ressemblances encore, jusque dans les détails matériels de l'exécution ! Qui n'hésiterait au récit des fêtes de Mantoue par Follino, s'il s'agit d'intermèdes de Monteverde ou du Rheingold de Wagner (3).
« Après que les invités eurent pris place, on donna du fond du théâtre le signal habituel des trompettes. Quand il retentit pour la troisième fois, le rideau disparut, comme par enchantement.
(1) « Toutes ces disputes de mots ne servent de rien; c'est par de la mu- sique qu'un musicien doit répondre. C'est là que mon frère attend ses ad- versaires, ne faisant attention qu'au chant et non à la parole écrite. » (Id. , Lettre de J. César Monteverde.)
(2) Artusi, II , 43.
(3) Comte Follino, Compendio délie sonluose f'ste fatte Vanno MDCVIII nella cilla di Manlova, per le reali nozze del Serenissimo prencipe D. Fran- cesco Gonzaga con la Serenissima Infante Mavgherila di Savoia. In Man- tova (Aurclio et Lodovico Osanna), 1(508, Bibl. Naz. t Florence. « Si diedo dalla parte di dentro del palco il solito segno del suono délie trombe, e nel cominciar a suonar la terza volta spari con tanta velocità in un batter di ciglia la gran cortina..., etc. » (p. 74).
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