enfin Doukhobor, Il commence tout, sans cesse abandonne tout ; les hommes se moquent de lui, il n’a rien fait, et meurt oublié, dans un hospice. En mourant, il pense qu’il a gâché sa vie. Et cependant, c’est un saint[1].
Avait-il donc des doutes encore, lui, si plein de sa foi ? — Qui sait ? Chez un homme resté robuste, de corps et d’esprit, jusque dans sa vieillesse, la vie ne pouvait s’arrêter à un point de la pensée. Il fallait qu’elle marchât.
Le mouvement, c’est la vie[2].
Bien des choses avaient dû changer en lui, au cours des dernières années. Son opinion à l’égard des révolutionnaires n’avait-elle pas été modifiée ? Qui peut même dire si sa foi en la non-résistance au mal n’avait pas été un peu ébranlée ? — Déjà, dans Résurrection, les relations de Nekhludov avec les condamnés politiques changent complètement ses idées sur le parti révolutionnaire russe.
Jusque-là, il avait de l’aversion pour leur cruauté, leur dissimulation criminelle, leurs attentats, leur suffisance, leur contentement de soi, leur insuppor-