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lectures pour tous les jours de l’année (1904-5)[1], où il rassembla les Pensées de divers écrivains sur la vérité et la vie — véritable Anthologie de la sagesse poétique du monde, depuis les Livres Saints d’Orient jusqu’aux artistes contemporains, — presque toutes ses œuvres proprement artistiques, à partir de 1900, sont restées manuscrites[2].

En revanche, il jetait hardiment, ardemment, ses écrits polémiques et mystiques dans la bataille sociale. De 1900 à 1910, elle absorbe le meilleur de ses forces. La Russie traversait une crise formidable, où l’empire des tsars parut un moment craquer sur ses bases et déjà près de s’effondrer. La

    seuil de la tombe ! Ces futilités remplissent mon temps libre et me procurent le repos des pensées vraiment sérieuses dont mon âme est surchargée. » (26 janvier 1903).

  1. Tolstoï le regardait comme une de ses œuvres capitales : « Un de mes livres, — Pour tous les jours, — auquel j’ai la suffisance d’attacher une grande importance… » (Lettre à Jan Styka, 27 juillet-9 août 1909).
  2. Ces œuvres ont été publiées depuis la mort de Tolstoï. La liste en est longue. Nous relevons, parmi les principales : Le journal posthume du vieillard Féodor Kousmiteh, Le père Serge, Hadji-Mourad, Le Diable, Le Cadavre vivant, drame en douze tableaux, Le faux coupon, Alexis le Pot, Le journal d’un fou, La lumière luit dans les ténèbres, drame en cinq actes. Toutes les qualités viennent d’elle, petite pièce populaire, et une série d’excellentes nouvelles : Après le Bal, Ce que j’ai vu en réve, Khodynka, etc.

    Voir page 206, la Note sur les œuvres posthumes de Tolstoy.

    Mais l’œuvre essentielle est le Journal intime de Tolstoï. Il embrasse une quarantaine d’années de sa vie, depuis l’époque du Caucase jusqu’à la veille de sa mort ; et il paraît un des livres de Confessions les plus impitoyables qui ait été écrit par un grand homme. Paul Birukoff en a publié, en français, deux volumes : la période de 1846 à 1852, et celle de 1895 à 1899.