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le blesser. Il a raconté lui-même une promenade qu’ils firent ensemble, où l’orgueilleux républicain qu’il était donna une leçon de dignité au conseiller aulique du grand-duc de Weimar, qui ne le lui pardonna point.

« Les rois et les princes peuvent bien faire des professeurs et des conseillers secrets ; ils peuvent les combler de titres et de décorations ; mais ils ne peuvent pas faire des grands hommes, des esprits qui s’élèvent au-dessus de la fiente du monde ; ... et quand deux hommes sont ensemble, tels que moi et Gœthe, ces messieurs doivent sentir notre grandeur. — Hier, nous avons rencontré, sur le chemin, en rentrant, toute la famille impériale. Nous la vîmes de loin. Gœthe se détacha de mon bras, pour se ranger sur le côté de la route. J’eus beau lui dire tout ce que je voulus, je ne pus lui faire faire un pas de plus. J’enfonçai alors mon chapeau sur ma tête, je boutonnai ma redingote, et je fonçai, les bras derrière le dos, au milieu des groupes les plus épais. — Princes