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Bientôt Beethoven haïra les conquérants français. Mais il n’en a pas moins senti la fièvre de leur épopée ; et qui ne la sent pas comme lui, ne comprendra qu’à demi cette musique d’actions et de triomphes impériaux.



Beethoven interrompit brusquement la Symphonie en ut mineur, pour écrire d’un jet, sans ses esquisses habituelles, la Quatrième Symphonie. Le bonheur lui était apparu. En mai 1806, il se fiançait avec Thérèse de Brunswick.[1] Elle

  1. Ou plus exactement, Thérèse Brunsvik. Beethoven avait fait la connaissance des Brunsvik à Vienne, entre 1796 et 1799. Giulietta Guicciardi était la cousine de Thérèse. Beethoven semble s’être épris aussi, pendant un temps, d’une sœur de Thérèse, Joséphine, qui épousa le comte Deym, puis en secondes noces le baron Stackelberg. — On trouvera les détails les plus vivants sur la famille Brunsvik dans un article de M. André de Hevesy : Beethoven et l’Immortelle Bien-aimée (Revue de Paris, 1er et 15 mars 1910). M. de Hevesy a utilisé, pour cette étude, les Mémoires manuscrits et les papiers de Thérèse, conservés à Mártonvàsàr en Hongrie. Tout en montrant l’intimité affectueuse de Beethoven avec les Brunsvik, il remet en question son amour pour Thérèse. Mais ses arguments ne semblent pas convaincants ; et je me réserve de les discuter, quelque jour.