le colossal dénouement de la Götterdämmerung — (qui fait moins d’effet, d’ailleurs, au théâtre qu’au concert : car, lorsque Siegfried est mort, le vrai drame est fini), — je ne puis penser sans regret à ce qu’eût été, d’une seule coulée, l’épopée optimiste du révolutionnaire de 48. Elle eût été moins vraie, dit-on. En quoi est-il plus vrai que la vie soit mauvaise ? Elle n’est ni mauvaise, ni bonne : elle est ce que nous la faisons, et ce que nous la voyons. La joie est aussi vraie que la douleur, et quelle féconde source d’action ! Il y a tant de bonté dans le rire d’un grand homme ! Saluons-en, dans Siegfried, la lumineuse et passagère gaieté.
Wagner a écrit à Malwida von Meysenbug ; « Je viens de relire, par hasard, la vie de Timoléon dans Plutarque. Cette vie, chose tout à fait inouïe et rare, se termine d’une manière heureuse, et c’est un cas exceptionnel dans l’histoire. Cela fait du bien de penser que la chose soit possible. J’en ai ressenti une émotion profonde. »
J’ai la même émotion en entendant Siegfried : — si bienfaisant et si rare, presque unique dans le grand art tragique, est le spectacle du bonheur !