Assemblées parlementaires ; et combien la défense fut piteuse ! Il ne faut pas qu’un jour vienne où un mot fameux soit réédité, — avec une variante : — « La République n’a pas besoin de musiciens ».
C’est le devoir de l’historien de signaler les dangers de l’heure présente, et de rappeler à des artistes français, trop facilement convaincus d’avoir gagné la victoire, — dès la première victoire. — que l’avenir n’est rien moins qu’assuré, et qu’il ne faut jamais désarmer contre l’ennemi commun, plus dangereux dans une démocratie qu’ailleurs : — la médiocrité.
La route qui s’étend devant nous est longue encore et difficile. Mais lorsque, nous retournant, nous embrassons du regard le chemin parcouru, nous pouvons avoir confiance. Qui de nous pourrait contempler sans fierté la tâche accomplie depuis trente ans ! Une ville, où la musique était tombée, avant 1870, à un niveau misérable, et qui aujourd’hui est remplie de concerts, d’écoles musicales, — une ville où s’est élevée, du néant, une des premières écoles symphoniques de l’Europe, — une ville où se sont formés un des publics de concert les plus ardents qui soient, une élite de ces grands connaisseurs, à l’esprit vaste et libre, qui sont l’orgueil de la France : et une petite légion de musiciens, où brillent, au premier rang, ce grand peintre de rêves, Claude Debussy, et ces maîtres constructeurs, Dukas et Florent Schmitt, ce penseur passionné, Albéric Magnard, et ce poète ironiste, Ravel, ces écrivains délicats et précis, Albert Roussel et Déodat de Séverac ; — pour ne citer, parmi les jeunes, que quelques-uns de ceux qui marchent à l’avant-garde, — toutes ces forces poétiques, non pas les plus vigoureuses, mais les plus originales de l’Europe actuelle. (Quelques manques qu’on puisse relever dans notre organisation musicale, encore si récente, quelques jugements qu’on porte sur les œuvres de la jeune école