de cantâtes de J. S. Bach[1]. De ce résultat si remarquable, et que personne n’eût cru possible, il y a vingt ans, l’honneur presque tout entier appartient à M. Maurice Bouchor[2].
L’effort de M. Bouchor a été le plus fécond et le plus vaste, mais non le seul, qui soit dû à l’initiative individuelle. Il y a eu, depuis dix à vingt ans, à Paris, dans la banlieue parisienne, dans la province française, si longtemps endormie, un nombre considérable de bonnes volontés, se dévouant, avec une foi et une ardeur touchantes, à cette œuvre d’éducation musicale. Bien souvent, ces bonnes volontés, trop isolées, se sont brisées
- ↑ Le dernier chœur de Fidelio a été récemment chanté par
170 normaliens de Douai ; — un grand chœur du Messie, par les
Écoles Normales d’Angoulème et de Valence : — une grande scène
chorale de la dernière partie du Faust de Schumann, par les
deux Écoles Normales de Limoges. — À Valence, chaque année,
ces auditions ont lieu au théâtre, devant un public de 800 à
1 000 instituteurs et institutrices.
En dehors des Écoles Normales, il s’est formé un certain nombre de chorales d’instituteurs et d’institutrices, surtout dans le Nord, — à Lille, au Quesnoy. — Çà et là, il y a aussi quelques chorales ouvrières, et des coopératives formant des pupilles, qui ont leurs chorales, comme la Fraternelle de Saint-Quentin.
D’une façon générale, on peut dire que la campagne de Maurice Bouchor a surtout réussi dans quelques départements (comme l’Aisne et la Drôme), où le terrain avait été préparé par l’inspecteur d’Académie. Malheureusement, dans beaucoup d’endroits, elle se heurte à une vive résistance de la part des professeurs de musique, qui ne peuvent admettre cette façon toute mnémotechnique d’apprendre des poésies en musique, sans aucune notion du solfège, ni de la science musicale. Et il est bien évident que cette méthode serait fort défectueuse, s’il s’agissait de former des musiciens. Mais il s’agit de former des hommes qui aient de la musique en eux. Que les musiciens ne fassent pas les dégoûtés ! C’est de cette bonne terre que sortiront, un jour, des musiciens plus grands, j’espère, et plus humains que ceux d’aujourd’hui, dont l’art est sans racines dans le cœur de la patrie.
- ↑ Il ne faut pas oublier M. Bourgault-Ducoudray, qui fut un précurseur, avec ses Chants de Fontenay, ses recueils pour les Écoles Normales.