Le mouvement d’études musicales grandit rapidement, et le premier Congrès international de musique, tenu à Paris à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900, donna aux historiens de la musique la conscience de leur force. En quelques années, l’enseignement de la musique s’organisa partout. Ce furent d’abord les cours libres de M. Lionel Dauriac et de M. Georges Houdard, à la Sorbonne ; ceux de MM. Aubry, Gastoué, Pirro, Vincent d’Indy, à la Schola et à l’institut Catholique ; puis, à partir de 1902, la petite Faculté de musique de l’École des Hautes Études sociales, groupant les efforts des principaux musicologues français ; enfin, en 1900, la fondation de deux cours officiels d’histoire et d’esthétique musicales au Collège de France et à la Sorbonne.
Le développement de la critique musicale ne fut pas moins rapide. Des professeurs de Facultés, d’anciens élèves de l’École normale supérieure, ou de l’École des Chartes, comme Henri Lichtenberger, Louis Laloy, Pierre Aubry, appliquèrent à l’examen des œuvres du passé et même du présent les précises méthodes de la critique historique. Des maîtres de chapelle, ou des organistes d’une rare érudition, comme André Pirro et Gastoué, des compositeurs, comme Vincent d’Indy, Dukas, Debussy et quelques autres, analysèrent leur art avec la supériorité que donne la connaissance intime de la pratique de l’art. On vit une floraison d’ouvrages sur la musique. Il se trouva un public et une pléiade d’écrivains distingués pour soutenir deux collections de Biographies de musiciens, lancées en même temps par deux éditeurs, et cinq ou six bonnes Revues musicales, d’un caractère scientifique, dont telle
Écorcheville sur l’Esthétique musicale, de Lully à Rameau, et sur la musique instrumentale française du xviie siècle, de M. André Pirro sur l’Esthétique de J.-S. Bach, et de M. Charles Lalo : Esquisse d’une Esthétique musicale scientifique.