toujours une de ces grandes œuvres à chaque concert. Et parfois, je donnais la même œuvre, à deux et à trois concerts de suite, si je jugeais qu’elle n’était pas assez goûtée. Dans ce cas, je disais, avant l’exécution : Il m’a semblé que telle œuvre n’a pas été assez comprise, à la dernière séance ; comme c’est une merveille, il est certain que votre impression tient à ce que vous ne la connaissez pas suffisamment : aussi je l’ai remise aujourd’hui au programme[1].
Ces séances de sonates, trios, quatuors, étaient régulièrement suivies par cinq ou six cents auditeurs, — pour une bonne part, intellectuels : Polytechniciens ou Universitaires, — qui formèrent le noyau d’un public très connaisseur et passionné pour la musique de chambre.
À la suite d’Émile Lemoine se fondèrent peu à peu d’autres Sociétés de quatuors ; et, à présent, elles sont si nombreuses qu’il serait difficile de les citer toutes. — Puis, de même que, dans les Sociétés de concerts symphoniques, un esprit de curiosité intelligente avait poussé, dans ces dernières années, nos Kapellmeisler français à se faire remplacer de temps en temps à la tête de leurs orchestres par leurs collègues allemands ou russes, la Nouvelle Société Philharmonique de Paris se forma, en 1901, sur l’initiative du docteur Fränkel et sous la direction de M. Emmanuel Rey, pour faire entendre à Paris les principaux quatuors étrangers. Et le profit ne fut pas moindre dans un cas que dans l’autre, par la rivalité féconde qu’elle établit entre les quatuors français et œux des autres pays, et par la compréhension plus exacte
- ↑ Le nom de la Trompette fut aussi prétexte à un enrichissement de la musique de chambre, où l’on introduisit la trompette, avec un rôle concertant. C’est à cette occasion que M. Saint-Saëns écrivit son beau Septuor pour piano, trompette, deux violons, alto, violoncelle, basse ; et M. Vincent d’Indy, sa pittoresque Suite en ré, pour trompette, deux flûtes et instruments à cordes.