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MUSICIENS D’AUJOURD’HUI.

d’ailleurs, pas beaucoup plus libre, et peut-être même moins libre, parce que plus convaincu. Il prit un développement considérable. Le nombre des élèves, de 21 en 1896, passa à 320 en 1908. Les musiciens et les musicologues les plus éminents y professèrent. M. Vincent d’Indy lui-même se chargea des cours de composition[1]. Et, dans la brève carrière qu’elle a fournie jusqu’à présent, la Schola a eu déjà l’honneur de former de jeunes compositeurs, tels que MM. A. Roussel, Déodat de Séverac, Gustave Bret, Labey, Samazeuilh, R. de Castéra, Sérieyx, Alquier, Coindreau, Estienne, Le Flem et Groz[2].

En dehors de l’influence qu’elle exerça par son enseignement, l’École eut une propagande extrêmement active par les concerts et les publications. Depuis sa fondation jusqu’en 1904, elle donna 200 exécutions dans 130 villes de province et plus de 150 concerts à Paris, dont 50 avec orchestre et chœurs, 60 concerts d’orgue et 40 de musique de chambre. Ces concerts, fidèlement suivis par un auditoire ardent et choisi, ont été une école pour le goût public. Il ne faut pas y chercher des exécutions parfaites[3], mais l’intelligence

  1. Il y a actuellement 9 cours de composition à la Schola (5 pour les hommes, 4 pour les femmes). M. Vincent d’Indy en professe huit, ainsi qu’un cours d’ensemble d’orchestre.
  2. Il faut y ajouter des élèves personnels de M. Vincent d’Indy, comme Witkowski, et Albéric Magnard, qui est un des premiers compositeurs d’aujourd’hui.
  3. L’orchestre est composé, en majeure partie, d’élèves ; et, par un mécanisme financier tout à fait généreux, les répétitions et les exécutions sont rétribuées aux élèves qui en font partie, et portées à leur compte sur le livre de caisse. Ainsi, en plus des boursiers, la Schola compte un grand nombre d’élèves peu fortunés, qui arrivent, avec ces concerts, à rembourser presque entièrement les frais de leur instruction. « Les concerts sont avant tout des exercices esthétiques pour les élèves, et un moyen de leur accorder la quasi-gratuité de l’enseignement. »

    Je dois ces renseignements et ceux qui précèdent à l’obligeance de M. J. de la Laurencie, secrétaire général de la Schola, que je suis heureux de remercier.