Il prétendait appliquer ce système aussi bien aux futurs compositeurs qu’aux instrumentistes et aux chanteurs. « Car il est tout aussi profitable à ceux-ci de savoir chanter convenablement une monodie liturgique ou de pouvoir jouer dans le style qui convient une sonate de Corelli, qu’aux compositeurs d’étudier la structure d’un Motet ou d’une Suite. » — De plus, il obligeait tous les élèves, sans distinction, à faire partie du cours d’application vocale. — Enfin, il créait un cours spécial, et tout nouveau en France, de direction d’orchestre. — Son objet, comme il le déclarait nettement, était de rénover la musique moderne, au moyen de la connaissance du passé.
Où irons-nous, disait-il, puiser la sève vivifiante qui nous donnera des formes et des formules vraiment nouvelles ? La source n’en est point difficile à découvrir ; n’allons pas la chercher autre part que dans l’art décoratif des plainchantistes, dans l’art architectural de l’époque palestrinienne, dans l’art expressif des grands Italiens du XVIIe siècle. C’est là, et là seulement, que nous pourrons trouver des tours mélodiques, des cadences rythmiques, des appareils harmoniques véritablement neufs, si nous savons appliquer ces sucs nourriciers à notre esprit moderne. C’est dans ce but que je prescris à tous les élèves de l’École l’étude attentive des antiques formes, parce qu’elles seules sont susceptibles de donner à notre musique les éléments d’une nouvelle vie fondée sur des principes sûrs, sains et solides[1].
Ce grand éclectisme intelligent était très propre à développer l’esprit critique, un peu moins à former des personnalités originales. Il imposait en tout cas une excellente discipline pour le goût musical ; et, en fait, l’École Supérieure de musique de la rue Saint-Jacques fut dès lors un Conservatoire nouveau, plus moderne et plus savant à la fois que l’autre Conservatoire, —
- ↑ Tribune de Saint-Gervais, novembre 1900.