torum ; car c’est son système d’enseignement que nous nous efforçons de continuer et d’appliquer ici[1].
L’action de Franck avait été double : artistique et morale. D’une part, il était un admirable professeur d’architecture musicale, si je puis dire ; il forma une école de symphonie et de musique de chambre, comme la France n’en avait jamais eu, et qui, à certains égards, était plus neuve et plus hardie que celle des symphonistes allemands. D’autre part, il a exercé par son caractère un ascendant inoubliable sur tous ceux qui l’ont connu. Sa foi profonde, sa belle foi indulgente et sereine, mettait autour de lui comme un rayonnement. Le parti catholique, où se faisait alors sentir un renouveau en France, tâcha, après sa mort, de l’englober tout entier. C’était, nous l’avons dit ailleurs[2], rétrécir l’esprit de Franck, dont le grand charme était d’unir harmonieusement la croyance à la liberté, et qui ne limitait point sa sympathie artistique à un seul idéal[3]. Mais ce qu’il y avait de religieux en lui se trouvant d’accord avec un courant assez puissant de l’époque, il était fatal que ce côté seul de son génie fût mis d’abord en lumière, et
- ↑ Tribune de Saint-Gervais, novembre 1900.
- ↑ Voir l’étude ci-dessus sur Vincent d’Indy.
- ↑ Le fils du compositeur, M. Georges César-Franck, a en vain
protesté contre cet accaparement de son père par un parti :
« À en croire tels écrivains appliqués à tout unifier et à tout déduire d’un seul principe, César Franck aurait été un mystique, dont le vrai domaine serait la musique religieuse. Rien n’est moins exact. Le public est trop simpliste. Il abuse des étiquettes. Il juge un compositeur sur une œuvre ou un groupe d’œuvres, et le classe une fois pour toutes… En réalité, mon père a cultivé tous les genres. En musicien consommé, il s’était rendu maître de toutes les formes de la composition. Il a écrit de la musique religieuse et de la musique profane, des mélodies, des danses, des pastorales, des oratorios, des poèmes symphoniques, des symphonies, des sonates, des trios, des opéras. Il ne s’est pas mis dans telle œuvre, et non dans les autres ; il s’est exprimé partout. » (Revue d’histoire et de critique musicale, août-septembre 1901.)