dans une élite restreinte, dont quelques membres avaient été et étaient encore des musiciens les plus imprégnés de l’influence wagnérienne. Elle fut timide d’abord, et s’annonça sous la forme d’un retour au passé classique et aux grands primitifs de la musique.
Depuis longtemps, il n’avait pas manqué de tentatives en ce sens ; mais aucune n’avait réussi à pénétrer dans la masse du public. En 1843, Josoph-Napoléon Ney, prince de la Moszkowa, avait fondé à Paris une Société pour la musique vocale religieuse et classique. Cette Société, qu’il dirigeait lui-même, dans son hôtel, s’était donné pour mission d’exécuter les œuvres vocales du xvie et du xviie siècle[1]. — En 1853, Louis Niedermeyer institua à Paris une École de musique religieuse et classique, « destinée à former, par l’étude des chefs-d’œuvre classiques des grands maîtres des xve, xvie et xviie siècles, des chanteurs, des organistes, des maîtres de chapelle, et des compositeurs de musique ». Et cette école, subventionnée par l’État, fut en effet une pépinière de solides musiciens. Elle compta parmi ses élèves certains des noms les plus connus dans la musique d’aujourd’hui, comme compositeurs, comme chefs d’orchestre, comme organistes, ou comme historiens : entre autres, M. Gabriel Fauré, M. André Messager, M. Eugène Gigout, M. Henry Expert. M. Saint-Saëns y fut professeur, et en devint président. Près de 500 organistes, maîtres de chapelle, professeurs de musique dans les Conservatoires et les lycées français, ont été formés là. Mais cette école, très sérieuse et très modeste, qui fut un refuge de l’esprit classique, au milieu du mauvais goût général, ne se
- ↑ Elle publia une collection en 11 volumes des œuvres anciennes
qu’elle avait exécutées.
Avant l’essai du prince de la Moszkowa avaient eu lieu les Concerts historiques de Fétis, précédés de conférences, qui furent inaugurés en 1832, et qui ne réussirent point, — et les Concerts historiques d’Amédée Méréaux (1842-44).