dans les concerts symphoniques, surtout chez M. Chevillard, une place un peu exagérée, et que jamais Lamoureux ne lui eût accordée. De là vint la révolte d’une partie du public, la plus jeune et la plus ardente, qui se mit à protester, et bientôt, avec impartialité, siffla indistinctement les virtuoses fameux et les virtuoses obscurs, les concertos illustres et les plus détestables : rien ne trouva grâce devant eux, ni le jeu de Paderewski, ni la musique de M. Saint-Saëns, ou des grands classiques. L’administration des concerts s’obstina, tenta vainement d’expulser les siffleurs, de leur interdire l’accès de la salle : la lutte dura longtemps, et la critique y prit part. Malgré ses exagérations ridicules et le fond de barbarie qu’il y a dans ces affirmations trop sommaires des verdicts du parterre, cette querelle a son intérêt : car elle prouve combien s’est rallumée en France l’ardeur des passions musicales ; et ces passions, même injustes, sont plus fécondes et valent mieux que l’indifférence.
III. — La « Schola Cantorum ».
Cependant, les Concerts-Lamoureux, à leur tour, avaient rempli leur mission ; leur période héroïque était close. Ils avaient imposé Wagner à Paris ; et, comme toujours, Paris, dépassant le but, ne jurait plus que par Wagner. Les musiciens français traduisaient dans le style de Wagner des pensées de Gounod ou de Massenet. Les critiques parisiens répétaient à tort et à travers les théories de Wagner, bien ou mal comprises, et plus souvent mal que bien. Une réaction devait fatalement se produire, quand le goût parisien serait saturé de wagnérisme ; et elle se produisit en effet, dès 1890