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LE RENOUVEAU.

Brahms ; il a été le premier chez nous à attirer vraiment l’attention sur la musique russe, dont il excelle à rendre le coloris brillant et fin. Et, comme M. Colonne, il a su faire appel aux grands Kapellmeister allemands : à Weingartner, à Nikisch, à Richard Strauss, qui dirigea chez lui les premières exécutions à Paris de plusieurs de ses poèmes symphoniques : Zarathustra, Don Quixote, Heldenleben.

Rien n’a été plus efficace pour achever l’éducation musicale du public que ce continuel défilé dans nos concerts, depuis dix ans, des Kapellmeister et des virtuoses étrangers, et que la comparaison de leurs styles et de leurs interprétations diverses. Rien n’a plus contribué au perfectionnement des orchestres parisiens, par l’émulation que cette sorte de concours instituait entre leurs chefs et ceux des autres pays. À présent, ils peuvent rivaliser avec les meilleurs de l’Allemagne. Les instruments à cordes sont bons ; les bois ont gardé la vieille supériorité française ; les cuivres restent la partie faible de nos orchestres, encore qu’ils aient fait de grands progrès. On peut aussi critiquer le groupement souvent défectueux de l’orchestre sur la scène de concerts, et la disproportion entre les diverses familles d’instruments, — par suite entre les diverses sonorités, — dont certaines sont trop réduites, et d’autres trop fournies. Mais ce sont là des défauts un peu généraux en Europe, aujourd’hui. Ce qui est malheureusement plus spécial à la France, c’est l’insuffisance ou la mauvaise qualité des chœurs, dont les progrès ont été loin de répondre à ceux de l’orchestre. C’est de ce côté que doit porter maintenant le principal effort de nos directeurs de concerts.

Les Concerts-Lamoureux n’ont pas été aussi stables que les Concerts du Châtelet. Ils ont erré de salle en salle, à travers Paris, du Cirque d’Hiver au Cirque d’Été, et du Château-d’Eau au Nouveau-Théâtre. Ils sont, pour