qui guette tout cénacle, — bref, que cette musique ne soit une musique de salon, plutôt qu’une musique de chambre. — « Il devient de plus en plus nécessaire, a écrit M. Saint-Saëns, que les compositeurs français trouvent entre l’audition intime et le grand public quelque chose d’intermédiaire qui leur permette de tout oser ; quelque chose, qui, n’étant pas, comme les grands concerts, une spéculation, constitue un milieu artistique analogue aux Expositions de peinture. C’est un nouveau but à atteindre pour la Société Nationale. »
Ce but, il ne semble pas encore qu’elle l’ait atteint. Du moins, elle a rempli glorieusement la tâche qu’elle s’était fixée. En trente ans, elle a créé à Paris une pléiade de bons symphonistes et de compositeurs de musique de chambre, et un public d’élite qui semble capable de les comprendre[1].
II. — les grands concerts symphoniques
Si urgent qu’il fût aux jeunes compositeurs français de s’unir pour résister à l’indifférence générale, il l’était encore plus de s’attaquer directement à cette indifférence, et de porter la musique au cœur du grand public. Il s’agissait de reprendre et de compléter l’œuvre de Pasdeloup, avec plus de sens artistique et dans un esprit nouveau.
L’éditeur de musique, Georges Hartmann, ayant conscience des forces qui s’amassaient dans l’art
- ↑ Plus récemment, une nouvelle Société a été fondée, sous le nom de Société Musicale Indépendante (S. M. I.), par une fraction importante de la Société Nationale. Elle a pour objet de suppléer à certaines lacunes causées par l’exclusivisme de la Nationale, en encourageant les tendances nouvelles et en révélant au public français, la musique étrangère d’aujourd’hui. Le Comité fondateur fut composé de Louis Aubert, André Caplet, Roger Ducasse, Jean Huré, Charles Kœchlin, Maurice Ravel, Florent Schmitt, Émile Vuillermoz, sous la présidence de Gabriel Fauré.