Hændel, Rameau, Gluck, Beethoven, Schumann, Liszt, Brahms La musique étrangère contemporaine n’occupa jamais qu’une place très restreinte. Le nom de Wagner apparaît, une seule fois, pour une transcription du Venusberg au piano. Le nom de Richard Strauss figure seulement avec son quatuor. Grieg eut son heure de vogue, vers 1887, ainsi que les Russes : Moussorgski, Borodine, Rimsky-Korsakow, Liadow, Glazounow, que M. Debussy a peut-être contribué à introduire chez nous. — À l’heure qu’il est, la Société semble plus exclusivement française que jamais ; et l’influence de M. Vincent d’Indy et de l’école de Franck y est prédominante. Cela est naturel : le génie de César Franck fut le plus beau titre de gloire de la Société Nationale ; elle fut la petite église où le grand artiste fut honoré, dans un temps où il était ignoré ou ridiculisé au dehors. Ce caractère de petite église s’est conservé, même après la victoire. Dans son programme général de 1903-1904, la Société rappelait avec fierté qu’elle était restée fidèle aux promesses de 1871 ; et elle ajoutait que « si, pour permettre à ses sociétaires de se rendre compte du mouvement général de l’art, elle avait peu à peu admis sur ses programmes des chefs-d’œuvre classiques et des productions étrangères modernes d’un intérêt réel, elle n’avait pas cessé cependant de s’affirmer le cénacle où s’ébauchent les réputations futures ».
Rien de plus exact. La Société Nationale est en effet un cénacle, où depuis trente ans s’est formé un art de cénacle et une opinion de cénacle ; il est sorti de là quelques-unes des œuvres les plus profondes ou les plus poétiques de la musique française, comme la musique de chambre de Franck ou de Debussy ; mais l’atmosphère en est et en devient, de jour en jour, plus raréfiée. Là est le danger. Il est à craindre que cet art et cette pensée ne soient définitivement absorbés par les subtilités décadentes ou le pédantisme scolastique,