Le premier, dit M. Saint-Saëns[1], qui tenta de démocratiser la symphonie, fut Seghers, un membre dissident de la Société des Concerts du Conservatoire, qui, pendant plusieurs années (1848-1854), dirigea, dans une salle existant rue de la Chaussée-d’Antin, la Société de Sainte-Cécile. Il y fît exécuter la Symphonie Italienne de Mendelssohn, l’ouverture de Tannhäuser et celle de Manfred, la Fuite en gypte de Berlioz et les premières œuvres de Gounod et de Bizet. Mais le manque d’argent le força à s’interrompre.
Pasdeloup reprit cet essai. Après avoir dirigé, salle Herz, depuis 1851, la Société des jeunes artistes du Conservatoire, il fonda en 1861, au Cirque d’Hiver, avec l’appui financier d’un riche bailleur de fonds, les premiers Concerts populaires de musique classique. Malheureusement, raconte M. Saint-Saëns, Pasdeloup fut, jusqu’en 1870, d’un exclusivisme presque absolument germanique et classique. Il opposait à la jeune école française une barrière infranchissable, et ne joua guère, en fait d’œuvres françaises, qu’une symphonie de Gounod, une de Gouvy, l’ouverture des Francs-Juges et celle de la Muette. Impossible d’élever en face de lui une société rivale. Il s’était fait donner un monopole exclusif. Au reste, il était, d’après M. Saint-Saëns, un musicien médiocre, et qui, malgré son amour passionné pour la musique, était « d’une incapacité inimense ». « Les rares sociétés de musique de chambre étaient aussi fermées à tout nouveau venu que les concerts d’orchestre ; leurs programmes ne contenaient que les noms célèbres, indiscutés, des grands symphonistes classiques. En ce temps-là, il fallait être vraiment dénué de tout bon sens pour écrire de la musique[2].
Cependant, une nouvelle génération se formait,