LES INSTITUTIONS MUSICALES EXISTANT
AVANT 1870.
Ce ne sont pas, en effet, les institutions musicales les plus anciennes et les plus illustres qui ont eu — tant s’en faut — la plus grande part à l’évolution de ces trente dernières années.
L’Académie des Beaux-Arts, où six fauteuils sont réservés à la section de musique, aurait pu jouer un rôle important dans l’organisation musicale de la France, par l’autorité de son nom, par les nombreux prix qu’elle distribue aux œuvres de composition et de critique musicale, et surtout par le prix de Rome, dont elle décide, chaque année. Ce rôle, elle ne le joue point, en partie à cause des statuts surannés qui la régissent, et qui continuent d’associer, comme au temps de Berlioz qui les a persiflés, une poignée de musiciens à une majorité de peintres, de sculpteurs, d’architectes, ignorants en musique ; — en partie, parce que, comme c’est l’habitude dans toute Académie, le petit groupe des musiciens se recrute dans les éléments les plus conservateurs. Un de ces noms de musiciens est justement célèbre : c’est celui de M. Saint-Saëns ; mais il en est d’autres, dont la renommée est de moins bonne qualité ; il en est même qui n’ont pas de renommée du tout ; et tous ensemble forment un petit groupe, qui, sans entraver le mouvement de l’art, ne le favorise point, et reste à côté, indifférent ou hostile.