« même la mauvaise musique », comme dit Berlioz[1]. Le journal des Goncourt reflète avec sérénité le mépris quasi universel des littérateurs pour la musique. Dans une conversation qui eut lieu en 1862 entre Goncourt et Théophile Gautier, « nous lui avouons, dit Goncourt, notre complète infirmité, notre surdité musicale, nous qui n’aimons tout au plus que la musique militaire ».
— « Eh bien, répond Gautier, ça me fait grand plaisir ce que vous me dites là. Je suis comme vous. Je préfère le silence à la musique. Je suis seulement parvenu, ayant vécu une partie de ma vie avec une cantatrice, à discerner la bonne et la mauvaise musique ; mais ça m’est absolument égal[2]. »
Et il ajoute :
« C’est tout de même curieux que tous les écrivains de ce temps-ci soient comme cela. Balzac exécrait la musique. Hugo ne peut pas la souffrir. Lamartine lui-même, qui est un piano à vendre ou à louer, l’a en horreur ! »
Il a fallu un bouleversement complet de la nation pour changer cet état d’esprit. Quelques symptômes de cette transformation se font sentir dès les premières années du second Empire. La révélation des derniers quatuors de Beethoven, entre 1852 et 1860, fut, pour l’élite française, un coup de lumière. Le réveil date de là. Wagner, qui eut à souffrir de l’hostilité du goût public, en 1860, lors des représentations de Tannhäuser à l’Opéra, trouva pourtant à Paris de ses meilleurs amis. Le plus intéressant des écrivains, que commence à