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PELLÉAS ET MÉLISANDE
de Claude Debussy


La première représentation de Pelléas et Mélisande, le 30 avril 1902, a été un des faits les plus considérables de l’histoire de la musique française, un fait dont l’importance ne peut être comparée qu’à la première représentation à Paris de Cadmus et Hermione de Lully, d’Hippolyte et Aricie de Rameau, ou d’Iphigénie en Aulide de Gluck, — une des trois ou quatre dates capitales de notre théâtre lyrique[1].

Le succès de Pelléas et Mélisande tient à des causes de tout genre et de toute valeur. Il en est de superficielles, comme la mode, qui a eu sa part dans ce succès, comme dans tous les succès, mais une part relativement faible. Il en est de profondes, qui tiennent aux caractères les plus essentiels du génie français. Il en est de morales, il en est d’esthétiques, au sens le plus général, il en est de purement musicales.

  1. Qu’on me permette de dire que je tâche, dans cette étude, de me placer à un point de vue strictement historique, — en faisant abstraction de mon sentiment personnel qui n’importe pas ici. En fait, je ne suis pas un Debussyste. Mes sympathies vont à un art tout autre. D’autant plus me crois-je tenu de rendre hommage à un grand artiste, dont je puis juger l’œuvre avec quelque impartialité.