très caractérisé, qui ne prendra toute sa valeur que dans le développement du thème… À qui ressemble-t-il des deux parents ? La famille est assemblée autour de lui, et discute. Les tantes disent : « C’est tout à fait le papal (Ganz der Papa !) Les oncles : « Tout à fait la maman ! » (Ganz die Mama !) — La seconde partie de la symphonie est un scherzo, qui représente les jeux de l’enfant : jeux terriblement bruyants, jeux d’Hercule en gaieté ; et toute la maison retentit des conversations de ses parents. Combien nous sommes loin des petits enfants sages de Schumann, et de leur famille candide !… — Enfin, on couche l’enfant ; on le berce ; la cloche sonne sept heures du soir. La nuit vient. Rêves et soucis. Scène d’amour… La cloche sonne sept heures du matin. — Réveil. Joyeuse dispute. Double fugue, où le thème de l’homme et le thème de la femme se contredisent avec un entêtement exaspéré et bouffon : c’est l’homme qui a le dernier mot. Apothéose de l’enfant et de la vie de famille.
Un tel programme est plus fait pour égarer l’auditeur que pour lui servir de guide. Il fausse le sens de l’œuvre, en ne mettant en lumière que le côté anecdotique et un peu burlesque. Et, sans doute, ce côté existe. En vain Strauss nous avertit qu’il n’a pas voulu faire un tableau comique de la vie conjugale, mais célébrer la sainteté du mariage et de la paternité : il y a en lui un tel humoriste que le comique l’emporte malgré lui. Il n’a vraiment quelque chose de grave et de religieux que quand il parle de l’enfant : alors, la joviale brutalité de l’homme s’attendrit, et la coquetterie agaçante de la femme a des délicatesses exquises. Partout ailleurs, son ironie et sa bouffonnerie reprennent le dessus, atteignant quelquefois à une puissance et à une allégresse épiques.
Mais il faut oublier le programme indiscret, qui frise le mauvais goût, et parfois un peu plus. Quand on y